• 3 octobre 2023 à 20:30
  • |4 octobre 2023 à 14:00

« Anatomie d’une chute » réalisé par Justine Triet, Palme d’Or

Publics : Adolescents, Adultes
Tarif : 5,50€ / 4,50€ (adhérents)

Durée : 2h30 min
Avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner

 

L’histoire :

Sandra, Samuel et leur fils malvoyant de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré le doute : suicide ou homicide ? Un an plus tard, Daniel assiste au procès de sa mère, véritable dissection du couple.

Palme d’Or du Festival de Cannes 2023

 

Quelques anecdotes sur le film :

La défaite d’un couple
Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet souhaitait faire un film centré sur la défaite d’un couple. L’idée était, pour la réalisatrice, de raconter la chute d’un corps de façon technique et d’en faire l’image de la chute du couple et d’une histoire d’amour :
« Ce couple a un fils qui découvre l’histoire de ses parents dans un procès – procès qui dissèque méthodiquement leur relation – et ce garçon passe du stade de l’enfance, incarné par la confiance absolue envers sa mère, à celui du doute. »
« Et le film va regarder ce passage. Dans mes précédents films, les enfants étaient présents, mais n’avaient pas la parole, ils étaient là ; mais on n’avait pas leur point de vue. C’est comme si le moment était venu d’intégrer le regard de l’enfant au récit, de le mettre en balance avec celui de Sandra, le personnage central. Le film est peu à peu devenu comme un long interrogatoire : de la maison au tribunal, ce n’est qu’une succession de scènes où les personnages sont questionnés. »
« J’ai voulu revenir à plus de réalisme, dans le sens quasiment documentaire, que ce soit à l’écriture ou formellement. Mais c’était pour aller plus loin dans la complexité, dans ce que raconte le film autant que dans les émotions qu’il peut produire. Tout a été vers un plus grand dépouillement : il n’y a aucune musique additionnelle, le film est plus brut, plus nu que mes précédents », confie Justine Triet.

 

Un avocat pénaliste comme consultant
Justine Triet a co-écrit le film avec Arthur Harari. Le scénario n’est pas adapté d’un fait réel mais la réalisatrice a voulu que l’ensemble soit le plus authentique possible. Les scénaristes ont ainsi fait appel à un avocat pénaliste, Vincent Courcelle-Labrousse, qu’ils sollicitaient sur les aspects techniques du film, mais aussi sur la conception française de l’audience :
« Ce qui nous a surpris, c’est le côté un peu bordélique d’un procès en France, contrairement aux Etats-Unis où la parole est distribuée de façon plus rigide. Cet aspect m’a permis de faire un film très français, et de prendre le contre-pied du film de procès américain, beaucoup plus spectaculaire. L’idée d’assister à des blocs ininterrompus d’audience s’est imposée. »
« J’ai passé mon temps à demander à mon monteur, Laurent Sénéchal, de ralentir le rythme, de garder les plans imparfaits, flous, un peu tremblants. Je ne voulais pas d’un film confortable, trop propre », se rappelle Justine Triet.

 

Antoine Reinartz VS Swann Arlaud
Antoine Reinartz incarne l’avocat général. Justine Triet l’a choisi pour la modernité qu’il donnait au personnage : « Il amène de l’altérité dans le film, il fait rentrer le monde contemporain et ça casse la solennité poussiéreuse du procès… Il joue en quelque sorte le méchant, mais un méchant très séduisant, retors, flamboyant. Il parle à la place du mort et doit rendre ce dernier, qu’on ne voit pratiquement jamais, attachant, nous faire saisir, comme aux jurés, que cet homme mérite d’être défendu. Antoine apporte une dimension d’arène au tribunal, la violence civilisée du parquet.

Dans la peau de l’avocat de l’accusée, Swann Arlaud joue un personnage assez fragile et sur la défensive : « Je ne voulais pas de combat de coq entre eux. Vincent n’est pas un virtuose du barreau, il est bon mais pas idéalisé. Swann amène une subtilité de jeu, une appréhension, du fait qu’il connait sa cliente, il se sent du coup plus en danger. Je trouvais intéressant qu’il soit en quelque sorte un double de Samuel, que les deux se ressemblent un peu. On comprend que Sandra et lui se sont connus il y a des années, et qu’il y a entre eux quelque chose de pas totalement éteint », note la cinéaste.

Avis de la presse :

« Enquête, procès, flash-back, confessions, culpabilisations… Justine Triet passe en revue une flopée de registres pour finalement dépasser les codes du thriller enneigé et tricoter un drame psychologique d’une richesse inouïe, où la justice n’est pas la seule à se perdre dans le vrai et le faux d’un couple usé, toxique et rancunier. » (La Voix du Nord – Christophe Caron)

« Une preuve de plus que le cinéma permet parfois de mieux saisir le réel. Et de mieux le ressentir. » (Le Journal du Dimanche – Baptiste Thion)

« Un film parfaitement réussi et maîtrisé. » (Bande à Part – Olivier Bombarda)

« Palme d’or assez incontestable, Anatomie d’une chute est un film de procès plus psychanalytique que judiciaire, qui creuse profondément et sans anesthésie dans les racines d’un couple. Un imposant bloc de complexité humaine et de pur cinéma. » (Les Fiches du Cinéma – Nicolas Marcadé)

Anatomie d'une Chute affiche

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